La Cour des comptes a alerté récemment sur le cumul emploi-retraite.
Elle pointe un système coûteux, complexe et parfois injuste. Pourtant, ce dispositif attire de plus en plus de retraités et reste avantageux.
Mais certains recommandent désormais de le réformer pour freiner son coût croissant.

1. Un dispositif jugé trop complexe
Le cumul emploi-retraite permet de toucher sa pension tout en continuant à travailler.
En théorie, c’est simple… Mais en pratique, les règles sont nombreuses et difficiles à suivre. Il faut avoir tous ses trimestres et avoir atteint l’âge légal de départ ou avoir 67 ans pour le taux plein automatique pour cumuler sans plafond.
Si ce n’est pas le cas, des limites de revenus s’appliquent. De plus, il faut parfois attendre six mois avant de retravailler chez le même employeur. Ce flou pénalise les assurés.
Fonctionnement, objectif, investissement… Ce qu’il faut savoir sur les SCPI
2 – Un système plus généreux qu’ailleurs
La France autorise les retraités en cumul intégral à acquérir de nouveaux droits à retraite. Peu de pays le font. Ailleurs, les pensions sont souvent réduites en cas de cumul avant un certain âge. Ce mécanisme français est donc plus favorable. Il permet d’atteindre des revenus proches de ceux des actifs. En 2020, les retraités en cumul touchaient 2 300 € par mois en moyenne, contre 2 518 € pour les salariés.
Le nombre de retraités en cumul a bondi de 75 % en dix ans. Leur pension moyenne est supérieure de 20 % à celle des autres retraités. Cela pèse lourd sur les finances publiques. En 2020, près de 700 000 personnes touchaient à la fois une pension et un salaire. La Cour des comptes estime que ce dispositif coûte de plus en plus cher, sans véritable contrôle automatique des conditions de cumul.
3- Des propositions pour réduire la facture
Pour faire des économies, la Cour propose deux mesures. D’abord, limiter le cumul intégral aux plus de 67 ans. Avant cet âge, les pensions de base seraient réduites selon les revenus. Cela inciterait à attendre ou à opter pour la surcote, plus rentable pour les finances publiques. Ensuite, automatiser les contrôles pour éviter les abus. Ces mesures pourraient rapporter jusqu’à 500 millions d’euros par an.
Les deux cas de réforme proposés (pas encore en vigueur) :
- Limitation du cumul intégral AVANT 67 ans
Avant 67 ans, les pensions seraient écrêtées (c’est-à-dire réduites) si la personne travaille en parallèle.
- Qui est visé ?
Les personnes qui ont tous leurs trimestres (donc retraite à taux plein) et veulent cumuler travail + pension AVANT 67 ans.- Exemple :
Un cadre de 64 ans avec une carrière complète qui veut prendre sa retraite et continuer à travailler.- Ce qui changerait :
Avant 67 ans, même avec tous ses trimestres, il ne pourrait plus cumuler salaire + pension sans plafond. Sa pension serait réduite si ses revenus sont élevés.
- Suppression des nouveaux droits à la retraite après liquidation
Une fois la retraite liquidée (donc déclenchée), plus aucun droit nouveau ne serait acquis, même si la personne continue à cotiser.
Qui est visé ?Les retraités en cumul intégral qui continuent à cotiser et espèrent augmenter leur pension.
Exemple :Une salariée de 68 ans qui touche sa retraite, continue à travailler, et attend une revalorisation de sa pension grâce à ses cotisations.
Ce qui changerait :Elle ne gagnerait plus rien de plus à cotiser. Ses cotisations seraient « à fonds perdus » pour elle, même si elles continuent à financer la Sécurité sociale.
4. Qui est impacté par la réforme ?
Les principaux profils concernés sont :
- Les cadres ou professions libérales à carrière longue, souvent en bonne santé, qui souhaitent rester actifs après la retraite.
- Les jeunes retraités (entre 62 et 67 ans), avec une retraite à taux plein, qui veulent cumuler sans limite.
- Les personnes avec des revenus élevés, qui profitent aujourd’hui d’un revenu global supérieur à la moyenne des actifs.
- Ceux qui comptent sur le cumul pour lisser leur transition retraite, notamment en reprenant une activité réduite.
5. Qui est peu ou pas concerné
- Les retraités partis avec une retraite incomplète (trimestres manquants) : ils sont déjà plafonnés dans le cumul.
- Les personnes ayant liquidé leur retraite après 67 ans : elles pourraient encore cumuler sans plafond, mais sans avantage de nouveaux droits.
- Les retraités à très petite pension : ils ne dépassent généralement pas les seuils de plafonnement.
6. Des experts sceptiques face aux recommandations
Plusieurs experts jugent ces propositions trop restrictives.
Le dispositif, bien qu’imparfait, favorise le retour à l’emploi des seniors. D’autres pistes, comme la retraite progressive ou la surcote, restent sous-utilisées.
Certains pointent aussi des incohérences, comme les inactifs éligibles au cumul ou les régimes spéciaux peu concernés. Tous s’accordent sur une chose : il faut harmoniser et simplifier.
Conclusion
Le cumul emploi-retraite, autrefois marginal, est devenu courant. Il permet à de nombreux retraités de compléter leurs revenus. Mais son coût et sa complexité inquiètent.
La Cour des comptes veut en limiter les effets et améliorer les contrôles. Pour cela, une réforme semble inévitable.
Elle devra concilier équité, incitation au travail et maîtrise des dépenses publiques.