Le 8 septembre, François Bayrou a décidé de jouer une carte risquée : engager un vote de confiance. Son objectif est clair : obtenir le feu vert pour un budget 2026 qui prévoit 44 milliards d’euros d’économies. Mais le contexte est explosif. L’Assemblée nationale est profondément divisée et la majorité introuvable. Autrement dit, la probabilité d’un échec est forte.

Deux jours plus tard, une mobilisation nationale viendra ajouter de l’huile sur le feu. Le risque ? Une véritable paralysie budgétaire. Emmanuel Macron, de son côté, a déjà écarté l’idée d’une nouvelle dissolution. Il préfère miser sur un compromis centriste pour tenter de faire adopter un budget amendé.

Les signaux sont clairs : les partis RN, LFI, Verts et PS ont déjà annoncé qu’ils voteraient contre. La censure du gouvernement est donc le scénario le plus crédible. Moralité : pour les investisseurs comme pour les citoyens, le 8 septembre sera une date clé à suivre.

  1. Comment en est-on arrivé là ?

La situation française est le fruit d’un double héritage : des finances publiques sous pression et un paysage politique fragmenté.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les dépenses publiques représentent encore près de 57 % du PIB, et la dette frôle les 114 %. Depuis 2020, la France réduit ses déficits plus lentement que ses voisins. Résultat : les marchés exigent désormais une prime plus élevée pour continuer à financer l’État.

Ajoutons à cela une croissance faible et des dépenses difficilement compressibles… La recette est toute trouvée pour une crise de confiance.

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  1. Trois scénarios possibles à court terme

  • Bayrou sauve son gouvernement (peu probable). Quelques ajustements budgétaires verraient le jour, mais les marchés resteraient sceptiques.

  • Un nouveau gouvernement prend le relais (le scénario le plus réaliste). Un profil centriste pourrait rassurer un peu, mais sans vraie consolidation budgétaire.

  • De nouvelles élections (scénario écarté par l’Élysée). Si cela arrivait, la volatilité serait extrême.

  1. Obligations d’État : la zone de turbulence

Le signal le plus inquiétant vient du marché obligataire. Les écarts entre les taux français (OAT) et allemands (Bund) dépassent 78 points de base sur 10 ans, un niveau très élevé pour la zone euro.

Fait inédit : à cinq ans, la France emprunte aujourd’hui plus cher que l’Italie ou l’Espagne. C’est un véritable changement de régime de marché. Les agences de notation surveillent la situation de près : Fitch (12/09), DBRS (19/09), Moody’s (24/10) et S&P (28/11). Les investisseurs redoutent un abaissement de la note française.

  1. Entreprises : encore solides, mais vigilance requise

Côté crédit, les banques françaises tiennent bon et leurs écarts restent proches de la moyenne européenne. Mais attention : si la dette souveraine continue de se tendre, leur refinancement pourrait devenir plus coûteux.

Pour les entreprises non financières, la situation reste stable par rapport à leurs homologues européennes. Mais les sociétés fragiles, avec des marges réduites ou un fort endettement, restent exposées. Les experts recommandent de privilégier des secteurs défensifs comme les télécoms, l’énergie ou les infrastructures.

5. Actions françaises : une sous-performance persistante

Le CAC 40 continue de sous-performer ses voisins européens. Depuis un an, l’écart avec le DAX allemand et le MIB italien s’est creusé. Les investisseurs appliquent une décote aux entreprises très exposées au marché français : banques, concessions, services publics.

À l’inverse, les grands exportateurs résistent mieux grâce à leur faible dépendance au marché domestique. Les gérants conseillent donc de privilégier ces valeurs internationales pour amortir le choc.

6. Devises : l’euro fragilisé

L’incertitude politique française pèse sur l’euro, qui pourrait revenir à ses plus bas de juin 2024. Mais il faut relativiser : l’évolution de la parité EUR/USD dépend surtout de la politique américaine. Autrement dit, la crise française joue un rôle, mais ce n’est pas le seul facteur.

Les dates à retenir

  • 8 septembre : vote de confiance à l’Assemblée.

  • 10 septembre : mobilisation nationale.

  • 12 et 19 septembre : notations Fitch et DBRS.

  • 24 octobre et 28 novembre : Moody’s et S&P.

Ces rendez-vous rythmeront la nervosité des marchés.

La France traverse une épreuve politique et budgétaire délicate. Les investisseurs demandent une prime de risque plus élevée, et cela pourrait durer.

Pour les portefeuilles, la prudence reste de mise : éviter les obligations d’État françaises, rester sélectif sur le crédit d’entreprise, privilégier les exportateurs en actions, et garder un œil attentif sur l’euro.

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