Le gouvernement veut faire des économies. Il s’attaque à l’abattement fiscal des retraités. Mais cette mesure, présentée comme équitable, cache de vraies inégalités. Les retraités seuls risquent d’être les grands perdants.
1. Une réforme discrète mais lourde de conséquences
Depuis 1978, les retraités bénéficient d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions. Ce dispositif permet de réduire le montant imposable, donc de payer moins d’impôts.
Mais dans le cadre du plan d’économies de l’État, le gouvernement veut le modifier. À la place de cet abattement proportionnel, il propose un abattement fixe : 2.000 € par personne, quelle que soit la pension.
Officiellement, c’est une mesure de justice sociale. En réalité, elle avantage peu les retraités modestes et pénalise certains profils bien précis.
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2 – Les retraités seuls : grandes victimes de la réforme
Aujourd’hui, un retraité seul percevant 30.000 € de pension peut déduire 3 000 € de revenus, ce qui n’excédait pas le plafond de 4.399 euros. Avec la nouvelle règle, il ne pourra plus déduire que 2.000 €.
Résultat : le retraité seul paiera plus d’impôt qu’avant la réforme. Un changement loin d’être sans conséquence pour les retraités aux revenus limités.
À l’inverse, un couple touchant 120 000 € à deux, soit deux fois plus que le cas précédent, verra son impôt augmenter légèrement. Avec l’ancienne formule, ce couple avait le droit à une déduction de 4.399 euros contre 4.000 euros désormais (2000 euros par personne).
Le constat est simple, à revenu équivalent, les personnes seules sont pénalisées.
3- Plus les pensions sont élevées, plus l’écart grandit
Voici un exemple pour un retraité seul touchant 50 000 euros de pension :
- Situation 1 : Ancien abattement de 10 %
- Revenu de pension : 50.000 €
- Abattement de 10 % : 5.000 €
- Mais plafond annuel maximum d’abattement : 4.399 €
- Revenu imposable après abattement : 50.000 – 4.399 = 45.601 €
→ Impôt à payer estimé : environ 5.370 €
- Situation 2 : Nouveau système à abattement fixe de 2.000 €
- Revenu de pension : 50.000 €
- Abattement fixe : 2.000 €
- Revenu imposable : 50.000 – 2.000 = 48.000 €
→ Impôt à payer estimé : environ 6.000 €
Soit une hausse de plus de 600 euros, soit plus de 10 % d’impôt supplémentaire.
L’abattement fixe avantage donc les foyers composés de deux personnes. Les retraités seuls, souvent veufs ou divorcés, se retrouvent désavantagés.
Une réforme qui oublie la diversité des revenus
Le fisc ne regarde pas que les pensions de retraite. L’abattement de 2.000 € s’appliquera aussi aux rentes viagères gratuites.
Ces rentes sont souvent issues de donations ou d’héritages. Par conséquent, certains retraités pourront atteindre plus facilement le plafond, surtout s’ils ont du patrimoine.
En résumé, les retraités modestes ayant uniquement leur pension seront moins bien traités que ceux disposant de revenus annexes. C’est un biais majeur de la réforme.
5,2 millions de ménages perdants
Selon les économistes, 40 % des ménages comprenant un retraité paieront plus d’impôts avec cette réforme. Cela représente environ 5,2 millions de foyers.
Parmi eux, la majorité sont des retraités seuls ou des couples parmi les 30 % les plus aisés.
Seuls 10 % des foyers sortiront gagnants. Et parmi ces rares bénéficiaires, beaucoup sont des couples avec un seul retraité.
Pour la moitié des ménages, il n’y aura aucun changement. Ce sont ceux qui ne paient déjà pas d’impôt.
Conclusion : une réforme injuste pour les plus fragiles ?
Présentée comme équilibrée, cette réforme cache des effets pervers. Elle alourdit la fiscalité des personnes seules, pourtant souvent vulnérables.
Le nouveau système est plus simple. Mais il ne prend pas en compte la réalité des situations individuelles. Il favorise ceux qui ont deux pensions. Et il oublie ceux qui vivent seuls.
Selon l’OFCE, cette réforme créerait 300 millions d’euros d’allègements fiscaux pour les quelques retraités qui en profitent. Mais elle provoquerait aussi une hausse de 1,1 milliard d’euros d’impôts pour les perdants.
Au final, l’État récupérerait environ 800 millions d’euros supplémentaires chaque année grâce à ce nouveau système. Une économie budgétaire, certes, mais dont le poids repose surtout sur les épaules de certains retraités.